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Il est temps d’investir en santé mentale

Dernière mise à jour : 19 mai 2022

Dans plusieurs domaines, on cherche à aller plus vite, à trouver des solutions rapides. Toutefois, cette stratégie s’applique mal en santé mentale : les blessures de l’âme et du cœur prennent du temps à guérir. Elles exigent une expertise, un espace bienveillant, sans pression et de la patience.

Depuis 2006, le doctorat est obligatoire pour devenir psychologue au Québec, rendant la durée des études similaire à celle des médecins. Cette décision a été prise puisque l’évaluation des troubles de santé mentale et leur traitement sont extrêmement complexes. De plus, les risques de porter préjudice sont élevés sans une formation spécialisée. Par exemple, certaines difficultés psychologiques peuvent s’empirer avec des interventions inappropriées. Il ne serait donc pas prudent de former des gens rapidement en espérant qu’ils puissent évaluer ou traiter des troubles de santé mentale.

Le 811 peut aider avec la gestion de crises et l’orientation vers les ressources appropriées, mais ensuite l’attente est trop longue pour obtenir le traitement nécessaire. Par exemple, on parle de 6 à 24 mois pour voir un psychologue dans le réseau public.

Nous aimerions tant avoir une baguette magique ou une suggestion de lecture qui guérirait la dépression qui vous rend impatient ou même agressif avec vos enfants, le trouble anxieux qui vous empêche de travailler ou les traumatismes qui transforment votre vie en cauchemar. Mais malheureusement, cela n’existe pas…

Dans le domaine de la santé mentale, il n’y a pas de solution « miracle ». Toutefois, il y a des solutions. L’une d’entre elles est un plan d’investissement qui implique l’embauche de 450 psychologues dans le réseau public.

Pour y arriver, ce plan inclut un rattrapage salarial, rendant le secteur public un peu plus compétitif avec le secteur privé. Ce plan engendrerait des gains majeurs pour tous les Québécois : il ferait épargner 228 millions de dollars par année en termes de visites chez les médecins de famille, en visites aux urgences et en hospitalisations.

Vous avez bien lu : 228 millions d’économies en incluant les coûts associés à l’embauche des psychologues. Et il s’agit d’une sous-estimation des coûts épargnés : ce calcul ne prend pas en considération les économies associées à la médication, à la DPJ, aux appels à la police, à l’absentéisme au travail, au système de justice, à la violence, etc. Parce que oui, trop souvent, derrière les actes de violence, se cachent des problèmes de santé mentale non traités. Et cette violence nous affecte tous, soit en diminuant notre sentiment de sécurité, soit en nous traumatisant, soit en nous blessant directement.

Au Québec, chaque jour, environ trois personnes mettent fin à leurs jours. Une situation tragique avec des conséquences sociétales énormes. Ces actes de désespoir extrême engendrent une onde de souffrance. Sans parler de la colère ressentie lorsqu’ils sont associés à un manque d’accessibilité à l’aide appropriée.

2022 sera-t-elle l’année du changement ?

Pourquoi ne pas se rappeler 2022 comme l’année des améliorations majeures sur le plan de l’accessibilité aux services en santé mentale ? Qui dit « oui » ?

Le plan que nous proposons n’est qu’une étape d’un programme qui devrait être plus vaste. Mais, s’il vous plaît, mettons un frein immédiatement aux départs accélérés des psychologues vers le secteur privé, avant qu’il ne soit trop tard. N’agissons pas comme si ces professionnels étaient un luxe dans notre réseau public. Les psychologues sont plus que jamais une nécessité dans les équipes interdisciplinaires de notre réseau épuisé ; particulièrement dans le contexte d’une pandémie qui n’en finit plus et qui nous fragilise tous. Sans parler des effets psychologiques des mesures sanitaires qui se multiplient.

Minimisons le plus possible les effets de la pandémie. Investissons en santé mentale pour donner à tous la possibilité de voir un psychologue lorsqu’ils en ont besoin. Et ainsi obtenir un traitement efficace pour leur dépression, leur anxiété, leur trouble alimentaire, leur dépendance, etc.

Un investissement essentiel pour les générations futures puisque, malheureusement, les problèmes de santé mentale non traités ont des répercussions intergénérationnelles.


Dre Karine Gauthier, M.Ps., Ph. D.

Psychologue-neuropsychologue

Présidente de la Coalition des psychologues du réseau public québécois


*Cosignataires :


Connie Scuccimarri, psychologue et administratrice de la Coalition des psychologues du réseau public québécois ; Youssef Allami, psychologue et administrateur de la Coalition des psychologues du réseau public québécois ; Catherine Serra Poirier, psychologue et vice-présidente liaison de la Coalition des psychologues du réseau public québécois ; Béatrice Filion, psychologue et vice-présidente secrétaire de la coalition des psychologues du réseau public québécois ; Marc-André Pinard, psychologue et administrateur de la Coalition des psychologues du réseau public québécois ; Loredana Marchica, psychologue et responsable des communications de la Coalition des psychologues du réseau public québécois

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